dimanche 7 mars 2010

Les blogs d'Afrique du Nord sur les conflits

Magda Abu-Fadil

Beyrouth – Dix-huit blogueurs nord-africains se sont réunis à Rabat la semaine dernière pour participer à un atelier de rédaction constructive et efficace portant sur les conflits et améliorer leurs connaissances des médias sociaux, malgré des problèmes de censure et l'existence de plusieurs contraintes techniques dans la région du Maghreb.

La formation, organisée par l'organisation non gouvernementale basée à Washington [et Bruxelles], Search for Common Ground (SFCG), comportait des séances sur les besoins des blogueurs et les défis qu'ils rencontrent, la censure, le blogging et les médias sociaux comme formes d'expression et d'activisme individuelles, l'impact des blogs dans la couverture des conflits, l'évolution dans la manière de bloguer et l'éthique des médias en ligne.

Les blogueurs et activistes originaires du Maroc, d'Algérie et de Tunisie ont testé leurs connaissances et idées nouvellement acquises. Et le participant, Naoufel Chaara, d'écrire que l'atelier avait dépassé ses attentes: « Il faut avouer que je me suis trompé. La formation de SFCG ne correspond pas à l'idée que je m'étais faite des ateliers et des conférences où nous devons supporter des intervenants ennuyeux et soporifiques, dit-il. Aujourd'hui, beaucoup de choses vont changer. »

Le dynamisme de l'atelier a permis aux blogueurs d'apprendre, d'interagir, de prendre des photos, de faire des vidéos, de « tweeter » et d'afficher le contenu tout en discutant de ce qu'ils pouvaient faire ou ne pas faire dans leurs pays respectifs.

Le Maroc jouit d'une relativement plus grande liberté que ses voisins en matière d'internet ; l'Algérie vient en deuxième position et la Tunisie garde une mainmise sur l'accès aux médias sociaux.

Les blogs eux-mêmes vont des forums politiques et sociaux à des programmes plus personnels, à des traités sur la liberté d'expression formulés sans ambages.

« Nous avons créé un groupe sur le Web et avons décidé de poursuivre nos discussions sur nos malheurs communs; tchats à gauche, tchats à droite, échanges de photos, solidarité avec les faibles et nous avons dit à l'unisson: 'Non à la suppression de la liberté,' et 'Oui à la liberté d'expression', » écrivait Chahida Lakhouaja sur son blog, et poursuivait en ajoutant que les participants étaient fiers de faire savoir qu'ils étaient des blogueurs.

L'atelier a été lancé avec enthousiasme par Leena El-Ali, directrice du programme Partenaires pour l'humanité de SFCG qui vise à influer de manière positive sur la façon dont les individus et les groupes, en Occident et dans le monde musulman, réfléchissent aux problèmes inter-culturels et se positionnent par rapport à eux.

Elle a expliqué aux blogueurs l'approche de Common Ground qui consiste à faire ressortir des solutions, plutôt que de simplement s'attarder sur les problèmes, et à donner la parole à toutes les parties prenantes.

Leena El-Ali a encouragé les participants à écrire pour le Service de Presse de Common Ground et a fixé des directives pour aider à ouvrir la voie.

Selon Leena El-Ali, un article du Common Ground donne un éclairage constructif et tend vers une solution et des mesures concrètes permettant la collaboration et la compréhension, là où elles sont possibles; il cherche des terrains d'entente ou des buts et intérêts communs; il favorise le dialogue et la coopération; il met en exergue des exemples positifs d'interaction entre les cultures occidentale et musulmane; il exprime l'autocritique constructive; il donne l'espoir aux lecteurs que des solutions non contradictoires sont possibles; il souligne les expériences positives entre les individus qui humanisent l'autre; et il favorise la compréhension entre les cultures musulmane et occidentale.

Le journaliste/blogueur marocain, Rachid Jankari, directeur de MIT Media et éditeur de www.maroc-it.ma, a maintenu un rythme soutenu, faisant connaître les dernières nouveautés en matière d'internet aux participants et leur montrant comment maîtriser l'utilisation des différents outils disponibles sur le Web.

Les blogueurs avaient du mal à suivre le rythme de son discours et l'enthousiasme avec lequel il décrivait les possibilités infinies de la toile.

Etait également présent, Mohamed Daadaoui, professeur assistant de Science politique à l'université d'Oklahoma City dont le blog sur le Maghreb est axé sur les tendances politiques et économiques et les nouvelles portant sur la région du Maghreb. M. Daadaoui a évoqué la façon dont les blogs ont été utilisés pour couvrir les soulèvements et les conflits. Il s'est également polarisé sur deux points : comment le blogging a -t-il été une source de problèmes et quand les blogs ont-ils contribué à favoriser des solutions.

Ci-dessous, une liste des blogs d'Afrique du Nord:

almiraatblog.wordpress.com/about
almiraat2.wordpress.com
kamelmansari.maktoobblog.com

kamelmansari.over-blog.com
kamel-mansari.blogspot.com
rachid87.maktoobblog.com

chabakamissour.fr.gd

hindapress.canalblog.com

chaara.net

issaad.net

chahida25.maktoobblog.com
emmabenji.canalblog.com

nawel.guellal.over-blog.com

nightclubbeuse.blogspot.com

fatounar.blogpost.com

courantalternatif.blogspot.com

tiznitoi.blogspot.com

www.jankari.org

maghreblog.blogspot.com


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*Magda Abu-Fadil est directrice du programme de formation professionnelle des journalistes à l'Université américaine de Beyrouth. Article distribué par le Service de Presse de Common Ground (CGNews) avec l'autorisation de l'auteur.

Source: Huffington Post, 24 février 2010,
www.huffingtonpost.com

lundi 1 février 2010

La Chine ou la démonstration du progrès

Devenue l'un des parangons de la croissance économique mondiale, la République populaire de Chine a su étaler pendant les commémorations du 60e anniversaire de sa fondation un génie rarement égalé. Elle a su arborer fièrement la démonstration de son progrès qui fait pâlir d'envie bien des nations notamment durant la parade, un événement spectaculaire retransmis ou repris par des centaines de médias du monde.


Kamel Mansari (Beijing)

Song Xin avait 14 ans lorsque Mao Zedong proclamait du balcon de la porte sud de la Cité impériale, la naissance de la République populaire de Chine au matin du 1er octobre 1949. Adolescent, Song Xin saisissait à peine, alors, la portée d'un tel événement, mais était loin d'imaginer, 60 ans plus tard, qu'il allait changer autant la face de la Chine que celle du monde. Rencontré au boulevard Huixin Dongjie dans le district de Chaoyang, ce septuagénaire a rejoint les rangs des «volontaires», hommes et femmes, ayant tous vu naître, grandir puis changer presque fondamentalement un pays qui pointe au 3e rang des puissances économiques mondiales. Comme Song Xin, des volontaires, tous aussi âgés que lui, avaient battu le pavé, occupé les trottoirs et les coins des rues de Pékin, qui avait été le théâtre de l'un des plus grandioses défilés du nouveau millénaire.

Ces pionniers de la révolution éprouvaient une immense fierté à faire partie de ces contingents chargés de renseigner ou d'assister quiconque sur les festivités du 60e anniversaire. Habillés en pull jaune ou bleu frappé d'écriture rouge en mandarin à la gloire de la Chine nouvelle, ils sont les témoins d'une histoire jalonnée de succès, acquis avec patience et abnégations, parfois dans la douleur.

«C'est un privilège pour moi de faire partie des volontaires», a affirmé M. Song Xin, arborant son badge remis par la municipalité. Le septuagénaire n'aurait jamais pensé, dit-il, voir son pays atteindre un niveau de développement aussi élevé et suscité l'admiration des étrangers. L'événement avait attiré plus de 1 300 journalistes venus de 108 pays, un chiffre record pour la circonstance, sans compter les invités de marque.

Un privilège

Le plus surprenant est de découvrir parmi ses volontaires des expatriés comme Mike, un Américain de la Caroline du sud rencontré parmi une équipe postée à Sanlitun, le quartier huppé de Pékin, une ville devenue, cependant, cosmopolite et très ouverte sur le monde. Mike est installé depuis bientôt trente ans en Chine et se considère comme citoyen chinois à part entière. Force est de constater que le pays accueille de plus en plus d'étrangers. En raison de la crise financière, la Chine s'est transformée en bouée de sauvetage pour de nombreux employés mis au chômage dans les pays occidentaux. Il était, dès lors, un privilège pour les journalistes qui ont convergé, tel dans un pèlerinage, vers Pékin afin d'assister à un événement historique et rendre compte, aussi fidèlement que la raison le suggère, des progrès que la Chine a su atteindre en six décennies. Ce progrès est d'autant plus frappant à l'instant où l'on foule le sol de l'aéroport international, qualifié de joyau du 21e siècle. Il se traduit, aussi, à travers les vastes boulevards et édifices modernes de la capitale, mais surtout de la fierté des Pékinois à afficher souvent de la manière la plus ostentatoire leur attachement à leur pays.

«Les Chinois sont de véritables patriotes et sont fiers du progrès qu'ils ont atteint alors que leur pays était en voie de développement il y a trente ans», soulignait M. Djamel Eddine Grine, l'ambassadeur d'Algérie en Chine lors d'une rencontre au siège de son ambassade. En diplomate rompu aux affaires sino-algériennes, il ne manqua pas de faire le parallèle avec les efforts accomplis par l'Algérie, ainsi que de nombreux autres pays émergeants, pour emboîter le pas à la Chine en matière de développement.

Les échanges commerciaux entre l'Algérie et la Chine qui entretiennent des relations privilégiées vieilles de 51 ans ont atteint 3,91 milliards de dollars en 2008, faisant de la Chine le troisième partenaire commercial de l'Algérie. En outre, aux yeux de tout citoyen algérien, la Chine est aussi le pays qui a adopté la lutte du peuple algérien pour sa libération du colonialisme et lui a apporté un soutien inconditionnel. C'est ce qui, d'ailleurs, enseigné dans les manuels d'histoires des écoles algériennes.

Un lien viscéral

Cependant, Il était tout à fait commun de croiser avant, pendant et après la fête nationale, des personnes de tout âge exhibant le drapeau à cinq étoiles, que l'on voit suspendu aussi bien aux édifices publics qu'aux magasins dont certains proposaient à l'occasion, T-shirts, badges, pins et toutes sortes de souvenirs marquant le 60e anniversaire. Les jeunes autant que les vieux en raffolaient et l'événement était une occasion de raffermir le lien viscéral qu'ils avaient avec leur nation, celle qui a surclassé en quelques années les traditionnelles puissances à l'ouest du globe.

En même temps, dans les locomotives du métro de la capitale, des écrans vidéo continuent à transmettre, presque en boucle, les séquences de la parade du jeudi 1er Octobre tandis que dans les supermarchés ou autre surface commerciale, la rediffusion de l'événement continuait à susciter la fierté des chalands scotchés, par groupes, devant les téléviseurs des rayons de l'électroménager.

Au quartier de Nuijie, où se trouve la plus veille mosquée de la capitale, des banderoles accrochées aux devantures de certains magasins ou restaurants rappelaient fièrement en mandarin, arabe et anglais l'importance de la fête nationale. Les Chinois, toutes ethnies et convictions confondues, avaient été représentés, au cours de la parade, telle une mosaïque au regard du monde.

Lors du défilé organisé pour célébrer l'anniversaire, la Chine avait certes, ce jour là, fait étalage autant de son progrès scientifique que militaire, mais surtout d'une osmose entre ses 56 ethnies minoritaires.

De mémoire des habitants de Pékin, jamais la place Tiananmen, le cœur historique de la ville, n'a été aussi bien transformée en vaste plateau de scène, à ciel ouvert, pour faire défiler le fleuron d'un armement «100% made in China» et lequel, de surcroît, atteste de la puissance de dissuasion acquise par l'armée populaire de Chine.

L'arsenal militaire et technologique de la Chine avait impressionné bon nombre d'invités au fait des dernières nouveautés dans le marché de l'armement, mais il a consacré un rapprochement encore plus fort entre la population et son armée.

Suite à l'ouverture de la place de Tianamen au grand public, des marées humaines convergeaient, chaque jour vers ce lieu notamment la Cité interdite, objet de gloire de la population, dont beaucoup profitaient de leurs vacances pour s'y rendre seul ou en famille dans l'espoir de s'imprégner de l'ambiance qui avait régné le jour de la parade. Les boutiques de souvenirs avaient été prises d'assaut alors que beaucoup s'empressaient à prendre des photos avec les soldats postés tout au long de la place. Fait probablement de plus en plus en vogue, le jeune soldat chinois, en uniforme impeccable, représente, aujourd'hui plus que jamais, l'assurance pour laquelle les Chinois avaient fondé leur République il y a 60 ans. Mais il convient de souligner que la fête nationale avait révélé également au peuple chinois la dimension qu'ils ont acquise et surtout qu'ils peuvent servir d'exemple pour tout peuple aspirant à prendre sa destinée en main.

Publié dans Beijing Information