dimanche 7 mars 2010

Les blogs d'Afrique du Nord sur les conflits

Magda Abu-Fadil

Beyrouth – Dix-huit blogueurs nord-africains se sont réunis à Rabat la semaine dernière pour participer à un atelier de rédaction constructive et efficace portant sur les conflits et améliorer leurs connaissances des médias sociaux, malgré des problèmes de censure et l'existence de plusieurs contraintes techniques dans la région du Maghreb.

La formation, organisée par l'organisation non gouvernementale basée à Washington [et Bruxelles], Search for Common Ground (SFCG), comportait des séances sur les besoins des blogueurs et les défis qu'ils rencontrent, la censure, le blogging et les médias sociaux comme formes d'expression et d'activisme individuelles, l'impact des blogs dans la couverture des conflits, l'évolution dans la manière de bloguer et l'éthique des médias en ligne.

Les blogueurs et activistes originaires du Maroc, d'Algérie et de Tunisie ont testé leurs connaissances et idées nouvellement acquises. Et le participant, Naoufel Chaara, d'écrire que l'atelier avait dépassé ses attentes: « Il faut avouer que je me suis trompé. La formation de SFCG ne correspond pas à l'idée que je m'étais faite des ateliers et des conférences où nous devons supporter des intervenants ennuyeux et soporifiques, dit-il. Aujourd'hui, beaucoup de choses vont changer. »

Le dynamisme de l'atelier a permis aux blogueurs d'apprendre, d'interagir, de prendre des photos, de faire des vidéos, de « tweeter » et d'afficher le contenu tout en discutant de ce qu'ils pouvaient faire ou ne pas faire dans leurs pays respectifs.

Le Maroc jouit d'une relativement plus grande liberté que ses voisins en matière d'internet ; l'Algérie vient en deuxième position et la Tunisie garde une mainmise sur l'accès aux médias sociaux.

Les blogs eux-mêmes vont des forums politiques et sociaux à des programmes plus personnels, à des traités sur la liberté d'expression formulés sans ambages.

« Nous avons créé un groupe sur le Web et avons décidé de poursuivre nos discussions sur nos malheurs communs; tchats à gauche, tchats à droite, échanges de photos, solidarité avec les faibles et nous avons dit à l'unisson: 'Non à la suppression de la liberté,' et 'Oui à la liberté d'expression', » écrivait Chahida Lakhouaja sur son blog, et poursuivait en ajoutant que les participants étaient fiers de faire savoir qu'ils étaient des blogueurs.

L'atelier a été lancé avec enthousiasme par Leena El-Ali, directrice du programme Partenaires pour l'humanité de SFCG qui vise à influer de manière positive sur la façon dont les individus et les groupes, en Occident et dans le monde musulman, réfléchissent aux problèmes inter-culturels et se positionnent par rapport à eux.

Elle a expliqué aux blogueurs l'approche de Common Ground qui consiste à faire ressortir des solutions, plutôt que de simplement s'attarder sur les problèmes, et à donner la parole à toutes les parties prenantes.

Leena El-Ali a encouragé les participants à écrire pour le Service de Presse de Common Ground et a fixé des directives pour aider à ouvrir la voie.

Selon Leena El-Ali, un article du Common Ground donne un éclairage constructif et tend vers une solution et des mesures concrètes permettant la collaboration et la compréhension, là où elles sont possibles; il cherche des terrains d'entente ou des buts et intérêts communs; il favorise le dialogue et la coopération; il met en exergue des exemples positifs d'interaction entre les cultures occidentale et musulmane; il exprime l'autocritique constructive; il donne l'espoir aux lecteurs que des solutions non contradictoires sont possibles; il souligne les expériences positives entre les individus qui humanisent l'autre; et il favorise la compréhension entre les cultures musulmane et occidentale.

Le journaliste/blogueur marocain, Rachid Jankari, directeur de MIT Media et éditeur de www.maroc-it.ma, a maintenu un rythme soutenu, faisant connaître les dernières nouveautés en matière d'internet aux participants et leur montrant comment maîtriser l'utilisation des différents outils disponibles sur le Web.

Les blogueurs avaient du mal à suivre le rythme de son discours et l'enthousiasme avec lequel il décrivait les possibilités infinies de la toile.

Etait également présent, Mohamed Daadaoui, professeur assistant de Science politique à l'université d'Oklahoma City dont le blog sur le Maghreb est axé sur les tendances politiques et économiques et les nouvelles portant sur la région du Maghreb. M. Daadaoui a évoqué la façon dont les blogs ont été utilisés pour couvrir les soulèvements et les conflits. Il s'est également polarisé sur deux points : comment le blogging a -t-il été une source de problèmes et quand les blogs ont-ils contribué à favoriser des solutions.

Ci-dessous, une liste des blogs d'Afrique du Nord:

almiraatblog.wordpress.com/about
almiraat2.wordpress.com
kamelmansari.maktoobblog.com

kamelmansari.over-blog.com
kamel-mansari.blogspot.com
rachid87.maktoobblog.com

chabakamissour.fr.gd

hindapress.canalblog.com

chaara.net

issaad.net

chahida25.maktoobblog.com
emmabenji.canalblog.com

nawel.guellal.over-blog.com

nightclubbeuse.blogspot.com

fatounar.blogpost.com

courantalternatif.blogspot.com

tiznitoi.blogspot.com

www.jankari.org

maghreblog.blogspot.com


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*Magda Abu-Fadil est directrice du programme de formation professionnelle des journalistes à l'Université américaine de Beyrouth. Article distribué par le Service de Presse de Common Ground (CGNews) avec l'autorisation de l'auteur.

Source: Huffington Post, 24 février 2010,
www.huffingtonpost.com

lundi 1 février 2010

La Chine ou la démonstration du progrès

Devenue l'un des parangons de la croissance économique mondiale, la République populaire de Chine a su étaler pendant les commémorations du 60e anniversaire de sa fondation un génie rarement égalé. Elle a su arborer fièrement la démonstration de son progrès qui fait pâlir d'envie bien des nations notamment durant la parade, un événement spectaculaire retransmis ou repris par des centaines de médias du monde.


Kamel Mansari (Beijing)

Song Xin avait 14 ans lorsque Mao Zedong proclamait du balcon de la porte sud de la Cité impériale, la naissance de la République populaire de Chine au matin du 1er octobre 1949. Adolescent, Song Xin saisissait à peine, alors, la portée d'un tel événement, mais était loin d'imaginer, 60 ans plus tard, qu'il allait changer autant la face de la Chine que celle du monde. Rencontré au boulevard Huixin Dongjie dans le district de Chaoyang, ce septuagénaire a rejoint les rangs des «volontaires», hommes et femmes, ayant tous vu naître, grandir puis changer presque fondamentalement un pays qui pointe au 3e rang des puissances économiques mondiales. Comme Song Xin, des volontaires, tous aussi âgés que lui, avaient battu le pavé, occupé les trottoirs et les coins des rues de Pékin, qui avait été le théâtre de l'un des plus grandioses défilés du nouveau millénaire.

Ces pionniers de la révolution éprouvaient une immense fierté à faire partie de ces contingents chargés de renseigner ou d'assister quiconque sur les festivités du 60e anniversaire. Habillés en pull jaune ou bleu frappé d'écriture rouge en mandarin à la gloire de la Chine nouvelle, ils sont les témoins d'une histoire jalonnée de succès, acquis avec patience et abnégations, parfois dans la douleur.

«C'est un privilège pour moi de faire partie des volontaires», a affirmé M. Song Xin, arborant son badge remis par la municipalité. Le septuagénaire n'aurait jamais pensé, dit-il, voir son pays atteindre un niveau de développement aussi élevé et suscité l'admiration des étrangers. L'événement avait attiré plus de 1 300 journalistes venus de 108 pays, un chiffre record pour la circonstance, sans compter les invités de marque.

Un privilège

Le plus surprenant est de découvrir parmi ses volontaires des expatriés comme Mike, un Américain de la Caroline du sud rencontré parmi une équipe postée à Sanlitun, le quartier huppé de Pékin, une ville devenue, cependant, cosmopolite et très ouverte sur le monde. Mike est installé depuis bientôt trente ans en Chine et se considère comme citoyen chinois à part entière. Force est de constater que le pays accueille de plus en plus d'étrangers. En raison de la crise financière, la Chine s'est transformée en bouée de sauvetage pour de nombreux employés mis au chômage dans les pays occidentaux. Il était, dès lors, un privilège pour les journalistes qui ont convergé, tel dans un pèlerinage, vers Pékin afin d'assister à un événement historique et rendre compte, aussi fidèlement que la raison le suggère, des progrès que la Chine a su atteindre en six décennies. Ce progrès est d'autant plus frappant à l'instant où l'on foule le sol de l'aéroport international, qualifié de joyau du 21e siècle. Il se traduit, aussi, à travers les vastes boulevards et édifices modernes de la capitale, mais surtout de la fierté des Pékinois à afficher souvent de la manière la plus ostentatoire leur attachement à leur pays.

«Les Chinois sont de véritables patriotes et sont fiers du progrès qu'ils ont atteint alors que leur pays était en voie de développement il y a trente ans», soulignait M. Djamel Eddine Grine, l'ambassadeur d'Algérie en Chine lors d'une rencontre au siège de son ambassade. En diplomate rompu aux affaires sino-algériennes, il ne manqua pas de faire le parallèle avec les efforts accomplis par l'Algérie, ainsi que de nombreux autres pays émergeants, pour emboîter le pas à la Chine en matière de développement.

Les échanges commerciaux entre l'Algérie et la Chine qui entretiennent des relations privilégiées vieilles de 51 ans ont atteint 3,91 milliards de dollars en 2008, faisant de la Chine le troisième partenaire commercial de l'Algérie. En outre, aux yeux de tout citoyen algérien, la Chine est aussi le pays qui a adopté la lutte du peuple algérien pour sa libération du colonialisme et lui a apporté un soutien inconditionnel. C'est ce qui, d'ailleurs, enseigné dans les manuels d'histoires des écoles algériennes.

Un lien viscéral

Cependant, Il était tout à fait commun de croiser avant, pendant et après la fête nationale, des personnes de tout âge exhibant le drapeau à cinq étoiles, que l'on voit suspendu aussi bien aux édifices publics qu'aux magasins dont certains proposaient à l'occasion, T-shirts, badges, pins et toutes sortes de souvenirs marquant le 60e anniversaire. Les jeunes autant que les vieux en raffolaient et l'événement était une occasion de raffermir le lien viscéral qu'ils avaient avec leur nation, celle qui a surclassé en quelques années les traditionnelles puissances à l'ouest du globe.

En même temps, dans les locomotives du métro de la capitale, des écrans vidéo continuent à transmettre, presque en boucle, les séquences de la parade du jeudi 1er Octobre tandis que dans les supermarchés ou autre surface commerciale, la rediffusion de l'événement continuait à susciter la fierté des chalands scotchés, par groupes, devant les téléviseurs des rayons de l'électroménager.

Au quartier de Nuijie, où se trouve la plus veille mosquée de la capitale, des banderoles accrochées aux devantures de certains magasins ou restaurants rappelaient fièrement en mandarin, arabe et anglais l'importance de la fête nationale. Les Chinois, toutes ethnies et convictions confondues, avaient été représentés, au cours de la parade, telle une mosaïque au regard du monde.

Lors du défilé organisé pour célébrer l'anniversaire, la Chine avait certes, ce jour là, fait étalage autant de son progrès scientifique que militaire, mais surtout d'une osmose entre ses 56 ethnies minoritaires.

De mémoire des habitants de Pékin, jamais la place Tiananmen, le cœur historique de la ville, n'a été aussi bien transformée en vaste plateau de scène, à ciel ouvert, pour faire défiler le fleuron d'un armement «100% made in China» et lequel, de surcroît, atteste de la puissance de dissuasion acquise par l'armée populaire de Chine.

L'arsenal militaire et technologique de la Chine avait impressionné bon nombre d'invités au fait des dernières nouveautés dans le marché de l'armement, mais il a consacré un rapprochement encore plus fort entre la population et son armée.

Suite à l'ouverture de la place de Tianamen au grand public, des marées humaines convergeaient, chaque jour vers ce lieu notamment la Cité interdite, objet de gloire de la population, dont beaucoup profitaient de leurs vacances pour s'y rendre seul ou en famille dans l'espoir de s'imprégner de l'ambiance qui avait régné le jour de la parade. Les boutiques de souvenirs avaient été prises d'assaut alors que beaucoup s'empressaient à prendre des photos avec les soldats postés tout au long de la place. Fait probablement de plus en plus en vogue, le jeune soldat chinois, en uniforme impeccable, représente, aujourd'hui plus que jamais, l'assurance pour laquelle les Chinois avaient fondé leur République il y a 60 ans. Mais il convient de souligner que la fête nationale avait révélé également au peuple chinois la dimension qu'ils ont acquise et surtout qu'ils peuvent servir d'exemple pour tout peuple aspirant à prendre sa destinée en main.

Publié dans Beijing Information

mercredi 18 novembre 2009

An qui profite les rancoeurs entre Algeriens et Egyptiens

Le foot de la discorde...

Ambiance survoltée dans le stade d'Omdurman avant le match Algérie-Egypte
AFP 18.11.09 | 16h57


Supporteurs exaltés, nuage de fumée, sécurité omniprésente: l'ambiance était survoltée au stade al-Merreikh d'Omdurman mercredi deux heures avant le coup d'envoi du match d'appui Algérie-Egypte pour la qualification au Mondial-2010 de football. Plus de 30.000 spectateurs s'entassaient dans le stade divisé en deux sections, l'une pour les fans algériens, l'autre pour les supporteurs égyptiens tous galvanisés par ce match entre les deux rivaux du football nord-africain. Les journalistes ont également été placés dans les deux sections selon leur nationalité, la police les empêchant d'accéder à la tribune de presse. "One-Two-Three, viva l'Algérie!", scandaient les milliers de supporteurs des "Fennecs" venus d'Alger par avion pour assister à ce duel qui devrait être âprement disputé. Les spectateurs égyptiens avaient déployé de leur côté un drapeau national géant, alors qu'un épais nuage de fumée couvrait les tribunes de ce stade peu habitué à accueillir des rencontres d'une telle importance. Et plusieurs artistes et responsables politiques égyptiens, comme les deux fils du président Hosni Moubarak, ont fait le voyage à Khartoum pour encourager les "Pharaons". Plusieurs centaines de policiers quadrillaient le quartier aux alentours du stade en banlieue de khartoum et séparaient les partisans des deux camps. Plusieurs journalistes ont eu dû mal à entrer dans le stade, et un caméraman algérien a été légèrement blessé par le coup de bâton d'un policier, selon un journaliste de l'AFP sur place. Les autorités soudanaises ont prévu un renfort de 15.000 policiers pour assurer la sécurité avant, pendant et après le match. Des observateurs craignent des débordements entre les supporteurs des deux équipes, peu importe l'issue du match.

mercredi 7 octobre 2009

Arbitrage

Il y a deux siècles, Thomas Jefferson, chef d’Etat américain, disait que «dans la presse, seules les publicités disent la vérité».
Ce verdict aussi vieux que le nouveau monde est révélateur de la tension ancestrale entre la presse et l’establishment. Rien de surprenant dans un tel constat. Les hommes de la presse auraient rendu la monnaie de sa pièce à Jefferson avec autant de soins. Les politiques autant que les journalistes n’ont pas toujours eu les faveurs des lecteurs et des électeurs.

En Algérie, la citation prendrait un autre sens : un canard aujourd’hui pèse beaucoup plus par sa publicité. L’ultime vérité qui rassure autant le patron que les journalistes sur leur devenir.
Certes, les rapports entre presse et pouvoirs concourent à susciter des suspicions quant à la manipulation autour de la manne publicitaire étatique.

Toutefois, les annonceurs privés, dont le poids énorme dans la sphère médiatique n’est plus à démontrer, adoubent des médias dits conscients que ceux qualifiés de fauteurs de troubles.

En Algérie, la presse ne brille pas forcément par son contenu. Derrière le décor rutilant d’une réussite exhibée par une poignée de journaux se cachent des nuits de compromissions, de calculs, de dribbles et de feintes qui ont faussé toutes les règles du marketing moderne.
Il n’est plus besoin d’être bardé de diplômes en gestion pour faire du profit, il suffirait d’afficher pâte blanche afin d’éviter le coup de ciseaux qui pourrait bien couper des jarrets. Le Jeune Indépendant en a fait l’amère expérience pendant quatre longues et douloureuses années.

Et c’est une aspiration bien légitime que de désirer une aisance financière. L’argent est la clef de la puissance et de l’assurance. Une arme à brandir face aux pressions et aux compromissions. Cependant, une telle option n’est point une garantie. Beaucoup s’y croyaient intouchables et ont fini par craquer comme un château de cartes. La puissance de l’Etat est inimaginable et ses coups de rapière sont souvent fatales.

Aujourd’hui, la presse algérienne traduit une réalité dont elle est la copie sui generis ou une copie conforme, qu’elle soit acceptable ou détestable. La presse nationale est ainsi fertile en paradoxes, mais la condition journalistique exige d’être sérieusement révisée loin du choc des corporatismes et de l’archaïsme des discours idéologiques.

Toutefois, la raison la plus austère suggère qu’autant la presse et l’establishment ont besoin d’un arbitrage permanent pour qu’ils arrivent à composer ensemble loin de la diatribe et de la manipulation.
K. M.

vendredi 22 mai 2009

La ville d’Obama conquise par les Algériens

Du quartier La Montagne à Chicago, le coup de loterie réussi

De Chicago, Kamel Mansari (3 Novembre , 2008)

Ils sont plus de 1 100 Algériens établis à Chicago et un peu plus dans tout l’Illinois, l’Etat du candidat démocrate à la présidentielle Barack Obama, qui sera probablement, ce soir, le premier Noir à gouverner les Etats-Unis et aussi le premier dans l’histoire de l’Occident.

La majorité des Algériens établis dans cette ville du Midway sont issus d’Alger et de l’est du pays. Le célèbre quartier algérois La Montagne, situé entre Bachdjerrah et El-Harrach, a fourni à la ville un important contingent d’immigrants, tous des jeunes. Les anciens de La Montagne sont talonnés par de nombreux transfuges de la ville de Zemmoura, dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj, que le hasard de la loterie a jetés sur les rives du lac Michigan.
Les Algériens de Chicago se fondent dans cette foule de près de 9 millions d’habitants que compte la troisième ville des Etats-Unis, la plus importante après New York.

Beaucoup ne font pas partie de ces «cracks» que l’Algérie exportait autrefois, malgré elle, vers la plus grande puissance mondiale. Beaucoup sont des chauffeurs de taxi, des employés dans la restauration ou les hôtels, des vendeurs, tandis que d’autres ont carrément effectué une fulgurante ascension pour devenir des hommes d’affaires, à l’image d’Abdelhamid Chaïb, surnommé «Al», originaire de Souk Ahras, qui a acheté une franchise de la célèbre chaîne internationale de restauration et de libre service chinoise Panda Express.

Il y a aussi Yahi, patron d’une usine de produits en plastique à Chicago, qui emploie quelque 60 personnes. Sa société est présente à Oued Smar, dans la banlieue d’Alger, et en Suisse. Yahi, 46 ans, compte aussi investir en Grande-Bretagne et en France. Il y a aussi l’exemple de Hassan Techerafi, un lauréat de la loterie de 1997, qui a commencé à faire des petits boulots, lui l’ingénieur en Algérie, avant de se frayer un chemin pour devenir manager d’une société de parkings. Hassan, qui travaille à Evanston, a réussi à obtenir la nationalité américaine, octroyée après cinq ans de résidence dans le pays.

«Beaucoup d’Algériens ont opté pour la nationalité américaine afin d’éviter les tracas lorsqu’ils transitent par l’Europe», explique-t-il.

Elston, le quartier des Algériens

C’est dans le quartier d’Elston, dans le nord de Chicago, que la plupart des Algériens se rencontrent. C’est devenu leur "houma" entourée de quartiers à fortes communautés arabes, principalement palestinienne, syrienne, marocaine et égyptienne, à Kedzie, Hamlin et Lawrence. Ils se donnent rendez-vous au "Tassili", un restaurant ouvert il y a cinq ans et qui était le premier dans la ville des tristement célèbres mafiosi des années 20 du siècle dernier, Al Capone et Joe Dillinger, ou au "Couscous House", un autre restaurant ouvert il y a un an.

Ces deux établissements sont distants l’un de l’autre de quelque 40 mètres sur le même trottoir. Ils sont séparés par le Centre islamique qui sert aussi de lieu de prière. Une boulangerie tenue par une famille algérienne est venue s’ajouter au décor du quartier.

"La Pomera" rappelle aux Algériens le millefeuille, le croissant, mais aussi le pain de son, de seigle et, tenez-vous bien, le matlou3, le pain maison et les mhadjeb qui constituent des musts pour les Algériens qui viennent en acheter en grande quantité. «Pendant les fêtes et le ramadan, on y trouve toutes sortes de gâteaux traditionnels tels les maqrouts, etcharak ou ghribya, assure Youcef, un vendeur originaire de Boghni, qui a débarqué aux Etats-Unis il y a 7 mois, après avoir été tiré à la loterie en 2007. Ce propriétaire a lancé un site Internet pour vanter les produits algériens et prendre commande auprès de ses clients.

Au "Tassili", qui fait aussi office de restaurant, on sert des plats exclusivement algériens avec viande halal de toutes les régions d’Algérie, sans compter le couscous.
«C’est ici que j’ai découvert des plats de l’Ouest et de l’Est algériens», affirme Mourad, un chauffeur de taxi originaire de Soustara, dans la Haute-Casbah d'Alger. Les chauffeurs de taxi sont les grands habitués de ce restaurant dont le chef, Hamid, essaye de faire plaisir à tout le monde pour les concilier avec leurs plats favoris, surtout pour ceux qui vivent seuls et ne savent pas cuisiner.

Le café «goudron», le foot italien et Obama

De plus, les Algériens y viennent aussi pour siroter un café dans du «verre marché», comme ceux que l’on trouve dans les cafés du bled. «Les verres ont été ramenés d’Algérie, car un Algérien ne peut déguster un café bien serré que dans un verre comme ceux que l’on trouve à Alger et ailleurs», lance Mohamed Djeddour, cogérant du café établi aux Etats-Unis depuis 29 ans. «Pas question de boire du café dans un gobelet ou dans une autre tasse fusse-t-elle en porcelaine», précise Abdelkader, un habitué de l’endroit, pour rappeler qu’un café n’a aucun goût s’il est servi dans un autre verre.
«J’aime bien venir parce que je m’imprègne, quelque peu, de l’ambiance du pays. Ici, on me sert mon café comme il se doit. Difficile de le demander ailleurs car le café aux Etats-Unis est trop léger et n’a le moindre goût», ajoute-t-il. Même l’espresso italien n’est pas du goût des Algériens qui lui préfèrent le café «goudron», un café court et extrêmement fort.

Au "Tassili", le café est bu pendant que l’on regarde Canal Algérie – qui sert de lien visuel avec le pays – ou la chaîne de sport ESPN, pour suivre le Calcio( championnat italien de football) ou la Ligua (championnat espagnol).
Ils savent tout du pays, à la moindre dernière nouvelle. L’Internet et les téléphones mobiles ont largement réduit la distance entre Alger et Chicago. Mais ces supports ne sont d’aucune utilité, s’agissant des contacts entre les Algériens des Etats-Unis. «Il n’y a pas d’association vraiment active qui prenne en charge les préoccupations de la diaspora algérienne aux Etats-Unis», regrette Abdelkrim Belkhous, un informaticien originaire de Sig.

Selon les chiffres fournis par l’Institut des statistiques, quelque 23 000 Algériens sont, officiellement, installés aux Etats-Unis, soit une minorité, mais en progression par rapport aux années 1980. Grâce à la loterie qui a apporté, depuis 1993, une dizaine de milliers d’Algériens au marché américain de l’immigration, la communauté algérienne ne cesse de croître depuis les 16 "ingénieurs" algériens recrutés entre 1820 et 1830 pour les chantiers navales aux Etats-Unis pour, selon les archives de l’immigration américaine. Leur nostalgie de l’Algérie dans ce café d’Elston ne fait pas perdre de vue à la diaspora algérienne la présidentielle américaine entre Obama et McCain.

Ils affirment tous avoir voté pour l’enfant de Chicago en raison de la situation économique du pays dont les Algériens, tout comme le reste du peuple américain, ont subi péniblement les conséquences. Le scrutin a commencé il y a deux semaines. Beaucoup d’Algériens ont perdu leur emploi dans ce pays où le contrat de travail n’existent pas, sans parler de la politique sociale quasiment inexistante. Sauf imprévu, le choix électoral des Algériens devrait se confirmer lundi à partir de 19h, heure de Washington, prévue pour l’annonce officielle des résultats. K. M.

Une famille algérienne en détention en Grande-Bretagne depuis 41 jours




Les enfants privés d'école


Par Kamel Mansari

Une famille algérienne de cinq enfants en bas âge, dont un bébé, est emprisonnée depuis 41 jours dans un centre de détention en Grande-Bretagne en attendant son expulsion pour séjour illégal, une situation dénoncée par des associations et des personnalités politiques locales.

Les jumeaux Ziyad et Bahidja, 6 ans, Rahima, quatre ans, Hani, 3 ans, et Zineddine, un bébé de 22 mois, sont incarcérés avec leur mère Akila L., 31 ans, depuis la fin octobre dans un centre de rétention à Bradford, une ville située dans le Yorkshire de l’ouest au Royaume-Uni. Leur père Mustapha, 42 ans, a été, quant à lui, incarcéré dans une autre prison réservée aux prévenus de droit commun.
La nouvelle a provoqué la colère des habitants de la ville, notamment les parents des élèves de l’école où étaient scolarisés les jumeaux de la famille.
Le directeur de l’école primaire de Peel Park de Bradford, Lloyd Mason-Edwards, a jugé inhumaine la détention des écoliers Ziyad et Bahidja ainsi que leur famille et la privation des enfants de leur environnement social.
«Mettre des enfants dans une prison comme de vulgaires détenus de droit commun est en lui-même un acte criminel dont les auteurs doivent être traduits en justice», a déclaré M. Mason hier à la presse. «C’est une grave atteinte à la dignité de cette famille qui n’honore en rien les autorités britanniques», a-t-il ajouté en faisant savoir aux journalistes qu’il avait reçu un appel téléphonique du père, Mustapha, qui travaillait en tant qu’agent de sécurité dans cette l’école, lui affirmant que lui, sa femme et ses cinq enfants ont été interpellés en plein sommeil lors d’un raid de la police à leur domicile le 20 octobre à 6h00. La police les avait ensuite conduits vers un centre de détention mais sans pour autant fournir les raisons de leur expulsion. Le ressortissant algérien a aussi fait savoir que deux de ses enfants ont été retirés à leur mère plusieurs fois tandis que les trois autres étaient placés dans des chambres dans des conditions lamentables.
«Je suis plutôt inquiet pour les enfants qui sont les victimes innocentes de cette tragédie et rien ne pourrait justifier la décision des services d’immigration de les mettre en prison», a-t-il poursuivi. Les cinq enfants sont tous nés en Grande-Bretagne tandis que les parents sont considères comme immigrants clandestins lorsque leur demande d’asile, déposée il y a 7 ans, n’a pas été acceptée par les services d’immigration.
Des parents d’élèves de l’école Peek Park ainsi que les avocats de la famille ont saisi les députés du parti travailliste de la ville de Bradford afin qu’ils intercèdent auprès des services d’immigration pour mettre fin au calvaire de cette famille. K. M.


Article repris par:

http://www.educationsansfrontieres.org/article16768.html

http://www.zoom-algerie.com/article-271-Une-famille-algerienne-en-detention-en-Grande-Bretagne-depuis-41-jours.html

http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/migration/gb_dizaines_expulsions.htm

Recrutement prochain de 7 000 Philippins





Daewoo, SNC Lavalin et COJAAL embauchent en Asie
La main d'œuvre algérienne délaissée



Par Kamel Mansari
Plus de 7000 ouvriers philippins seront recrutés par des sociétés multinationales activant en Algérie pour des projets financés par le gouvernement mais qui sont, à l’évidence, inaccessible à la main d’œuvre locale, a-t-on appris hier de sources concordantes

Plus de 7 000 ouvriers philippins seront recrutés par des multinationales activant en Algérie pour des projets financés par le gouvernement, mais qui sont, à l’évidence, inaccessible à la main-d’œuvre locale, a-t-on appris hier de sources concordantes.

Les trois compagnies, la sud-coréenne Daewoo, la canadienne SNC Lavalin et le consortium japonais COJAAL, ont fait appel à une société de recrutement basée en Libye pour recruter 7 050 ouvriers «hautement qualifiés».

Les trois compagnies ont précisé qu’elles préféraient faire appel à la main-d’œuvre philippine pour des projets de réalisation de routes et d’infrastructures, sans faire la moindre prospection du marché de l’emploi algérien.
Daewoo projette de recruter 5 650 employés qualifiés philippins dont des ingénieurs électriciens, soudeurs, plombiers, menuisiers et maçons pour un projet d’implantion d’une oasis à Boughezoul, dans la wilaya de Médéa, pour un montant de 569,3 millions de dollars.

La durée des contrats pour ce projet est de 3 ans. Daewoo est chargée de la construction du projet Alger Medina sous le nom du groupe Dahli (Daewoo Algérie hôtel loisirs et immobilier).

Le consortium nippon COJAAl, qui emploie actuellement 2 150 employés philippins, envisage d’en recruter 600 autres pour ses projets routiers à Annaba, dans l’est du pays.

Le consortium est composé des compagnies d’ingénierie et de construction Kajima, Taichi, Nishimachu, Hajama et Itochu.

La société SNC Lavalin a, quant à elle, demandé le recrutement de 800 employés philippins pour son projet de construction d’un barrage à Blida et qui s’ajouteront à 300 autres déjà en place.

Le département philippin de l’emploi à Manille a confirmé ces recrutements, précisant que l’Algérie est devenue une destination privilégiée des travailleurs philippins.

Le nombre des travailleurs expatriés devrait augmenter en Algérie dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture et dans les infrastructures, selon la même source.

Le ministre philippin de l’Emploi, Marianito Roque, a indiqué avant-hier que les employeurs algériens préfèrent la main-d’œuvre philippine en raison de sa «compétence».

Quelque 2 697 employés philippins travaillent dans des projets en Algérie depuis 1998, tandis que des milliers d’autres sont licenciés dans plusieurs pays en raison de la crise économique mondiale.

Désormais, l’Algérie figure parmi les destinations les plus recherchées par les agences internationales d’emploi en raison des opportunités d’embauche qu’elle offre à la main-d’œuvre étrangère qualifiée.

Elle constitue, avec le Singapour, la Grande-Bretagne, la Malaisie, Chypre, le Qatar, le Liban, le Nigeria, la Jordanie et le Royaume de Brunei, une destination des plus prisées pour la main-d’œuvre philippine.
K. M.


Article repris par:


http://www.algerie-monde.com/forums/showthread.php?t=2487


http://ffs1963.unblog.fr/2009/04/19/algerie-recrutement-prochain-de-7000-ouvriers-philippins/

http://www.algerie-dz.com/article16946.html