vendredi 18 juillet 2008

Un leader touareg au Jeune indépendant: Un Africom au Sahara est une menace pour la stabilité *





Le chef des rebelles touareg au nord du Mali, le colonel Hassan Fagaga, a mis en garde contre une présence militaire étrangère, y compris dans le cadre de l’Africom, le centre de commandement militaire américain pour l’Afrique, estimant qu’elle constituerait une menace pour la stabilité dans la région du Sahel.


Contacté par téléphone par le Jeune Indépendant, hier, le chef des rebelles touareg basé au Kidal, dans le Nord malien, a jugé inutile toute présence militaire étrangère dans la région, que ce soit dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ou dans un cadre humanitaire.

«La sécurité de la région ne peut être prise en charge que par les populations de la région», a affirmé le colonel Fagaga qui a ajouté que «l’expérience a prouvé que les interventions externes se sont toutes soldées par un échec».


Le colonel Fagaga, à la tête d’une rébellion contre le pouvoir central malien depuis plusieurs années, a souligné que l’éventualité de la présence d’un commandement militaire états-unien «compliquerait la situation sécuritaire dans la région du Sahel», qui connaît une recrudescence des affrontements entre l’armée malienne et les groupes rebelles touareg.Pour le commandant militaire de l’Alliance pour le changement, « envisager une telle option c’est méconnaître les spécificités de la région ».


Les Etats-Unis ne cessent d’assurer que l’Africom a pour objectif de favoriser la paix et la sécurité dans le continent africain en agissant en partenariat avec l’Union africaine (UA).Dans un discours prononcé récemment à l’Ecole supérieure de guerre à Washington, la directrice du service de la diplomatie publique et des affaires publiques pour l’Afrique au département d’Etat américain, Mme Claudia Anyaso, a affirmé que le ministère de la Défense (Pentagone) considère l’Union africaine comme le partenaire privilégié pour engager une coopération avec l’Africom.

«Nous croyons que l’Africom répond aux souhaits des pays africains de paix et de sécurité, comme l’a exprimé l’Union africaine », a-t-elle dit en soulignant l’importance stratégique de ce commandement militaire.


Interrogé sur les récents affrontements entre ses éléments et l’armée malienne, le chef militaire rebelle a accusé ce qu’il a qualifié de «forces nuisibles» de vouloir maintenir la région sous une constante tension.S’agissant de la présence annoncée à Bamako de chefs de tribus libyennes pour «contribuer» au retour de la paix dans le nord du Mali, le colonel Fagaga a estimé qu’elle n’apporterait «rien de nouveau», compte tenu du fait, a-t-il dit, que la solution au conflit réside dans l’application de l’accord d’Alger signé en juillet 2007 entre le gouvernement et des rebelles touareg maliens, qui prévoit notamment la mise en œuvre par le gouvernement malien d’un programme de développement des régions du nord du Mali.


Le ministère malien des Affaires étrangères a indiqué avant-hier que les chefs de tribus libyennes étaient venus «pour apaiser la situation», excluant toute nouvelle négociation entre les belligérants.Pour ce qui est de la visite, au courant de la semaine, du ministre malien des Affaires étrangères Moctar Ouane à Alger, le colonel Fagaga a indiqué que l’Algérie demeurait le partenaire clef dans le retour de la paix.


Par ailleurs, le chef rebelle a fait savoir qu’il avait interrompu toute médiation pour la libération des otages autrichiens Andreas Klober et Wolfgang Ebner, enlevés par la branche armée d’El-Qaïda au Maghreb islamique en février dernier, suite à l’assassinat en avril de trois médiateurs touareg. K. M.






* Article paru le 18 mai 2008

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